Une association catholique perd son procès contre des Femen
Une association de catholiques traditionalistes a perdu définitivement, ce mardi, le procès pour injure qu’elle avait intenté à six militantes du mouvement féministe Femen, qui avaient fait irruption dans une manifestation de catholiques opposés au mariage homosexuel.
En plein débat sur la loi sur le mariage gay, le 18 novembre 2012, neuf militantes (six étaient poursuivies) du groupe féministe, seins nus comme à chacune de leurs actions, un voile sur la tête, comme des nonnes, s’étaient invitées dans le cortège.
L’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne (Agrif) les avait poursuivies devant la justice. Sur les corps des Femen figuraient des inscriptions telles que « In gay we trust » (« Nous croyons en l’homosexualité »), « occupe-toi de ton cul » ou « fuck church » (Aux chiottes l’Eglise). Sur de petits extincteurs domestiques, d’où pouvait jaillir une semence métaphorique du Christ, on pouvait lire notamment « holy sperm » (« Saint sperme »).
En première instance, le tribunal correctionnel avait relaxé les Femen, jugeant que la plupart des ces propos n’étaient pas injurieux. « Fuck church », « qui traduit incontestablement une position à la fois tranchée et injurieuse », ne pouvait « en aucun cas » être perçu « comme une attaque directe et personnelle dirigée contre les catholiques », avaient estimé les juges. La cour d’appel avait débouté l’Agrif, en décembre 2016.
Mardi, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi de l’association, jugeant la décision de la cour d’appel régulière sur la forme. La tenue, les slogans et les gestes des Femen, « pour partie obscènes, visaient explicitement les enseignements de l’Eglise catholique » et pouvaient donc « choquer » les manifestants, mais « ne revêtaient toutefois pas un caractère injurieux à leur égard en raison de leur appartenance à cette religion », a estimé la Cour de cassation.
« Nous nous félicitons de cette décision, dans laquelle la Cour de cassation a rappelé l’impossibilité d’incriminer en France le blasphème, en soulignant que les slogans peints sur les torses des militantes Femen étaient parodiques et ne visaient pas les manifestants en raison de leur religion », a réagi l’un de leurs avocats, Me Michaël Ghnassia.
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