Grèce : relaxe d’un évêque homophobe
Le premier procès intenté en Grèce contre un dignitaire orthodoxe pour incitation à la violence homophobe s’est conclu ce jeudi sur la relaxe de l’accusé, un évêque réputé pour ses dérapages et ses sympathies d’extrême-droite. A l’issue de dix heures d’audience, le tribunal d’Aigion, dans le Péloponnèse, a relaxé, en suivant l’avis du procureur, Athanassios Lenis -Mgr Amvrosios- des charges d' »incitation publique à la violence » et « abus des fonctions ecclésiastiques ».
Le dignitaire de 79 ans était jugé pour avoir qualifié en 2015 les homosexuels de « lie de la société » et avoir appelé à leur « cracher dessus » et à les « noircir (de coups) ». Il réagissait, dans une adresse écrite à ses fidèles, au vote d’une loi étendant aux homosexuels le pacte d’union civile, jusque là explicitement réservé aux hétérosexuels. « Le tribunal a manifestement suivi la défense, qui a invoqué la liberté de parole », a commenté pour l’AFP Lio Kalovirnas, un des neuf militants homosexuels ayant porté plainte contre l’évêque.
Le procureur a pour sa part estimé que les propos incriminés ne visaient pas les homosexuels mais les responsables politiques, et ne constituaient pas un appel à la violence, a affirmé à l’AFP l’avocate des plaignants, Kleio Papapantoleon. La comparution en justice sur la base de la plainte des neuf militants de Mgr Amvrosios, en charge de l’évêché de Kalavryta, dans le Péloponnèse, constituait une première dans un pays où l’Église, non séparée de l’État, jouit d’une forte influence.
Les défenseurs des droits de l’homme s’en étaient félicités comme d’une étape dans la lutte contre la rhétorique de haine, largement impunie en Grèce. « Le simple fait qu’il se soit retrouvé sur le banc des accusés est une première victoire », a estimé M. Kalovirnas. De nombreux popes s’étaient réunis devant le tribunal pour soutenir l’évêque à son arrivée, face à une poignée de militants LGTB, dont l’un a été frappé par un passant, selon lui.
Outre Mgr Amvrosios, les évêques orthodoxes du Pirée et de Thessalonique se signalent aussi régulièrement par des dérapages discriminatoires. Le précédent chef de l’Église grecque, le défunt Mgr Christodoulos, avait pour sa part qualifié l’homosexualité de « tare », ou cru voir un signe de la « colère divine » dans les attentats du 11 septembre 2001.
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