US : une pâtissière obtient le droit de ne pas travailler pour un couple gay
Un tribunal de Californie a reconnu le droit d’une pâtissière de refuser de vendre un gâteau de mariage pour un couple d’homosexuelles, au moment où une décision de la Cour suprême est attendue sur un cas similaire.
Un tribunal de Bakersfield, dans la région conservatrice du centre de la Californie, a souligné dans un jugement rendu hier soir qu’« aucun pâtissier n’a le droit de mettre ses produits dans une vitrine publique, d’ouvrir sa boutique puis refuser des ventes pour des questions de race, de religion, de genre ou d’identité sexuelle ». « La différence ici est que le gâteau en question n’a pas encore été cuisiné » et que l’Etat de Californie, qui a engagé les poursuites, « veut forcer [la pâtissière Cathy] Miller à utiliser ses talents pour créer un gâteau qu’elle n’a pas encore fait tout en sachant que son œuvre sera affichée pour célébrer une union que sa religion interdit ».
« Si ce tribunal forçait [Cathy Miller] à obtempérer, ce serait faire violence à l’essence de la liberté d’expression garantie dans le 1er amendement de la Constitution », conclut le juge David Lampe du tribunal de Bakersfield. Cathy Miller s’est dite « folle de joie », selon des déclarations publiées mercredi dans la presse américaine. Les plaignantes Eileen et Mireya Rodriguez contestent toutefois avoir demandé un gâteau spécialement conçu. Elles disent être allées goûter des gâteaux pour leur mariage le 17 août 2017 et ont été reçues par une employée de Tastries, la pâtisserie de Cathy Miller, et avoir commandé un modèle de gâteau existant, sans demander d’inscription ou décoration particulière.
Le 26 août, elles sont revenues toutes deux accompagnées d’autres personnes à la pâtisserie, et Cathy Miller, s’excusant, les a orientées vers un concurrent, Gimme Some Sugar, affirmant ne pas approuver les mariages entre personnes de même sexe, car, note la décision du tribunal, Mme Miller « est une chrétienne pratiquante » et qu’elle croit que « des unions homosexuelles enfreignent l’ordre biblique selon lequel le mariage est entre un homme et une femme ».
Une affaire similaire impliquant un couple d’hommes aujourd’hui mariés et un pâtissier du Colorado est en attente d’une décision de la Cour suprême d’ici juin. Devenue emblématique bien qu’apparemment insolite, cette affaire est porteuse de vastes enjeux pour la société américaine. La Cour suprême doit trancher entre de grands principes : la liberté religieuse, l’égalité sexuelle et la liberté d’expression protégée par le 1er amendement de la Constitution.
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