Vaccination contre l’hépatite B insuffisante chez les gays
La vaccination contre l’hépatite B, maladie virale qui tue 600.000 personnes par an dans le monde, est insuffisante chez les hommes fréquentant les lieux de rencontre homosexuels, ont estimé des épidémiologistes de Santé publique France.
Ces scientifiques se sont particulièrement intéressés à ce groupe parce qu’il est parmi les plus actifs sexuellement, et que les rapports sexuels sont le mode de transmission le plus fréquent du virus (VHB). Ils ont analysé le sang de 2.645 hommes homosexuels, clients de 60 « établissements de convivialité gay » (« bars, saunas et backrooms ») dans cinq grandes villes (Paris, Lyon, Lille, Nice et Montpellier).
Un résultat encourageant en est ressorti: « la prévalence du VHB apparaît faible » chez ces hommes, à 0,6%, écrivent les auteurs dans un Bulletin épidémiologique hebdomadaire qui paraît lors de la Journée nationale de lutte contre les hépatites virales. Un autre article de ce même Bulletin donne une prévalence plus forte dans l’ensemble de la population française, à 0,8%. Mais Santé publique France ne rapproche pas les deux chiffres, les deux échantillons étant constitués avec des méthodes différentes.
« Ces résultats incitent cependant à augmenter la couverture vaccinale contre l’hépatite B des HSH [hommes homosexuels] non immunisés vis-à-vis du VHB, notamment ceux infectés par le VIH et/ou ayant des partenaires multiples, et à poursuivre les messages et actions préventifs auprès de cette population », ont écrit les auteurs.
Cette couverture vaccinale est inégale, en fonction du niveau socio-économique, et surtout « insuffisante dans les sous-groupes ciblés par les recommandations ».
Depuis 2018, les autorités sanitaires françaises recommandent la vaccination pour les « personnes ayant des relations sexuelles avec des partenaires multiples ». Chez les 2.645 participants à l’étude, menée en 2015, la couverture vaccinale était « estimée à 63,0% » (ou 73,9% en excluant ceux qui ne savaient pas s’ils étaient vaccinés). Mais elle plafonne à 66,1% chez les homosexuels à « partenaires multiples », et à 67,7% chez les séropositifs, qui risquent plus de complications de l’hépatite B.
La France reste globalement peu touchée par cette maladie du foie qui fait des ravages en Asie et en Afrique subsaharienne. Cinq pays émergents (Chine, Inde, Indonésie, Nigeria et Philippines) regroupent 60% des infections à eux seuls, d’après une étude parue en mars dans The Lancet.
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