L’IGAS dénonce les retards de la prévention contre le sida
Un rapport, que « Le Monde » s’est procuré, montre qu’« entre 1 666 et 4 000 » contaminations auraient été évitées si l’Agence du médicament avait autorisé plus vite le Truvada.
La France a été le premier pays en Europe à permettre, en 2016, l’utilisation du Truvada, un traitement anti-VIH pour prévenir la contamination d’une personne séronégative lors de rapports sexuels à risques. C’est ce que l’on appelle la prophylaxie pré-exposition (PrEP), qui fait actuellement l’objet d’une campagne d’affichage par l’association Aides. Une mesure mise en œuvre avec succès, mais trois ans après que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait été saisie par l’association Aides, et trois ans et demi après que son homologue américaine, la Food and Drug Administration, l’avait autorisée, le 16 juillet 2012. Sans ce retard, plusieurs milliers de contaminations auraient pu être évitées.
Selon un rapport de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) que Le Monde s’est procuré, ce délai résulte principalement d’une instruction « anormalement longue » de la part de l’ANSM. La mission avait été mandatée le 15 mars 2017 par la ministre de la santé de l’époque, Marisol Touraine, et confiée à deux inspecteurs, Gilles Duhamel et Aquilino Morelle.
Pour comprendre les enjeux du sujet, il faut partir de deux faits marquants dans l’épidémie d’infections par le VIH. Le premier est la persistance, depuis plusieurs années en France, de plus de 6 000 nouvelles contaminations par an, en particulier chez des hommes ayant des rapports homosexuels. Le second tient au rôle central tenu par le préservatif, « instrument principal, pour ne pas dire unique, de la prévention de l’infection par le VIH », indique le rapport de l’IGAS.
Le rapport rappelle que « contrairement à une idée très répandue, loin d’avoir une “efficacité de 100 %”, le préservatif n’atteint dans ce domaine que des taux de 80 % chez les hétérosexuels et de 70 % chez les “hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes” ». Ce qui justifie d’élargir la palette des outils de prévention.
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