JO Montréal 1976 : 200 gays emprisonnés
Descente de police au Truxx en 1977
Alors que les Jeux Olympiques d’été battent leur plein à Rio, les médias canadiens titrent de leur côté sur les 40 ans des JO de Montréal. Le magazine québecois LGBT Fugues tient à rappeler un événement souvent passé inaperçu à l’époque et bien au delà : près de 200 homosexuels avaient été arrêtés en 1976 en marge des JO.
Mais une double polémique est née de ces interpellations que beaucoup a attribué au maire Jean Drapeau, « à tort » selon Fugues aujourd’hui.
« Le 4 avril 1975, les policiers débarquaient au sauna Aquarius de la rue Crescent et arrêtaient 36 homosexuels. De telles arrestations massives ont été répétées à plusieurs reprises l’année suivante, culminant avec une descente policière au sauna Neptune, le 14 mai 1976. Quelque 89 gais ont alors été emprisonnés » rappelle le magazine dans un article consacré à cet événement.
Dans le journal daté du Dimanche du 20 juin 1976, on pouvait lire que « les homosexuels accusent la police de les persécuter, de faire des descentes injustifiées dans leurs lieux privilégiés de rencontre et de les brutaliser. Ils les accusent de les assimiler aux robineux et aux autres éléments de société qu’ils jugent indésirables et de vouloir les faire disparaître pendant la durée des Jeux olympiques. »
Le maire de l’époque, Jean Drapeau, qui avait déjà reconnu pour avoir « nettoyé » la métropole avant l’Expo 67 fut soupçonné d’en être à l’origine. Or, le livre Canadian War on Queers des auteurs Gary Kinsman et Patrizia Gentile publié en 2009 a révélé qu’il s’agissait d’une volonté politique fédérale.
«Les autorités policières de plusieurs régions du Canada luttaient contre le radicalisme. Il faut se rappeler que ces années suivaient les actions du FLQ et la tuerie aux Jeux de Munich en 1972. À l’époque, le gouvernement voyait les organisations gaies comme une menace pour la sécurité nationale. Ils étaient obsédés par la collecte d’informations sur les homosexuels », explique Ross Higgins, cofondateur des Archives gaies du Québec.
Ironiquement, ces arrestations ont encouragé la création d’un mouvement de revendications organisé : le 20 mai 1976, le Comité homosexuel antirépression (CHAR) a été fondé. Le dimanche de juin 1976, près de 2000 personnes ont participé à la première manifestation homosexuelle de l’histoire du Québec en marchant sur le boulevard Dorchester (aujourd’hui nommé «boulevard René-Lévesque»), écrit encore Fugues.
« Les descentes dans les lieux gays se poursuivront l’année suivante avec entre autres, durant la nuit du 22 octobre 1977, l’intervention d’une cinquantaine de policiers – munis de mitraillettes et de gilets pare-balles – arrêtant 146 hommes au bar Truxx de la rue Stanley. Enfermés dans des cellules surpeuplées jusqu’au lendemain, ils ont été forcés de passer des tests médicaux afin d’identifier des ITS. Le lendemain, la population s’indignait de ce qu’elle apprenait dans les journaux et une nouvelle manifestation a été organisée devant le Truxx ». 2 mois plus tard, le gouvernement québécois a amendé la Charte québécoise des droits de la personne afin d’interdire la discrimination face à l’orientation sexuelle.
Source : Fugues
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