L’écrivain Édouard Louis assigné en référé par son agresseur présumé
L’agresseur présumé de l’écrivain ouvertement gai Édouard Louis — dont le dernier roman raconte le viol — a engagé une procédure pour atteinte à la présomption d’innocence et à la vie privée.
Le deuxième roman d’Édouard Louis, « Histoire de la violence », est le récit du viol suivi d’une tentative de meurtre dont il a été la victime un soir de Noël 2012 par un homme qu’il avait invité chez lui.
L’agresseur présumé de l’écrivain a été arrêté, mis en examen et incarcéré en janvier dernier quelques jours après la publication du livre. Cet homme assigne aujourd’hui en référé Édouard Louis ainsi que son éditeur pour atteinte à la présomption d’innocence et atteinte à la vie privée. L’audience est prévue le 18 mars prochain au tribunal de grande instance de Paris. Édouard Louis sera défendu par Me Emmanuel Pierrat.
Le livre en cause est « une sorte de vengeance » contre le discours des autres qui essayaient « de me voler mon histoire », a expliqué le jeune auteur qui, en 2014, a dû subir des critiques parfois violentes et a été accusé de trahir la vérité, après la publication de « Pour en finir avec Eddy Bellegueule », récit sur son enfance et adolescence brutalisées dans un village de Picardie, en raison de son homosexualité.
Sans jamais basculer dans un pseudo cours de sociologie, le livre nous éclaire sur les causes de la violence. Édouard Louis raconte ainsi la vie du père de Reda, son agresseur, un émigré algérien qui échoue dans un misérable foyer pour immigrés. Lui-même, selon les mots de sa soeur, aurait pu devenir un délinquant. Il raconte sans fard sa peur après son agression, ses pulsions racistes qui lui font horreur. Édouard Louis nous interpelle. Quel hasard nous fait choisir, ou pas, un autre chemin ?
« Il y a une sorte de miroir entre Reda et moi. On est radicalement différents, mais Reda représente la possibilité de ce que j’aurais pu être à un moment donné », souligne-t-il, sa propre histoire prouvant qu’« à l’intérieur d’une vie, il y a toujours plusieurs possibilités ».
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