Une proposition de loi pour interdire les thérapies de conversion
La députée LREM Laurence Vanceunebrock-Mialon s’apprête à déposer une proposition de loi prohibant les «thérapies» dites de conversion. «Ces pratiques sont indignes et même si elles sont méconnues, elles ont lieu en France où elles font des ravages, argue l’élue, ouvertement lesbienne, à l’initiative du texte qui prévoit de les punir par de peines allant de trois à dix ans d’emprisonnement. Le texte s’inspire de la loi maltaise pour punir d’emprisonnement les méthodes censées «guérir» l’homosexualité et la transidentité.
« L’Union européenne a appelé ses Etats-membres à légiférer. Si la France est le pays des droits de l’homme, elle ne peut pas rester silencieuse sur cette question » a indiqué la députée. Selon le document consulté par Libération, ces lourdes peines seraient accompagnées d’amendes conséquentes calquées sur l’article L-222 du code pénal punissant les auteurs de «tortures ou d’actes de barbarie».
Selon la députée, ces « thérapies » ont été pratiquées et sont encore pratiquées sur le territoire français. « Dans les années 60 et 70, des homosexuels français internés dans des hôpitaux psychiatriques ont eu à subir des « traitements » incluant la consommation d’hormones ou l’administration d’électrochoc » ajoute-t-elle.
«Sur le principe, je n’ai rien contre une telle législation et nous nous tenons à la disponibilité du législateur pour contribuer à la bonne réalisation d’un projet de cet ordre », a commenté Anthony Favier, le coprésident de l’association homo chrétienne David & Jonathan. « Tout ce qui s’oppose au bien-être des personnes LGBT doit susciter l’intérêt des pouvoirs publics. Néanmoins, ce que nous percevons sur le terrain, notamment dans nos actions contre Courage et le prédicateur Henri Lemay [un laïc du renouveau catholique canadien invité récemment dans le Morbihan pour une session de «guérison de la sexualité», ndlr], c’est la grande difficulté à caractériser les « thérapies » de guérison. Le discours du soin n’est si clairement employé et les acteurs religieux utilisent de nombreuses stratégies de dissimulation. On se situe souvent plus dans l’emprise mentale, parfois la dérive sectaire, et pas mal dans l’abus psycho-spirituel.»
Pour le président de SOS Homophobie, Joël Deumier. «C’est une bonne nouvelle car ces pratiques sont une atteinte à l’état des personnes et il est nécessaire que les pouvoirs publics les préviennent et puissent les sanctionner : une loi est donc un bon moyen de mettre ce sujet dans le débat public, pointe le militant associatif. D’autant qu’il y a un risque réel de retour de ce type de traitements avec Courage qui essaye de s’implanter en France pour rééduquer les homos.»
Source : Libération
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