Des ONG appellent la Tanzanie à ne plus intimider les militants LGBT
Une vingtaine d’ONG nationales et internationales ont appelé jeudi le gouvernement tanzanien à cesser de menacer les groupes de défense des droits des homosexuels et des adolescentes enceintes.
«Le gouvernement tanzanien devrait mettre fin à sa rhétorique hostile envers les groupes de la société civile et à ses menaces d’entraver leur travail», ont plaidé dans un communiqué commun 18 organisations, parmi lesquelles Amnesty International et Human Rights Watch (HRW).
Les autorités tanzaniennes ont durci le ton ces derniers jours contre les ONG qui ont critiqué la position du président John Magufuli déniant aux mères adolescentes le droit de poursuivre leur scolarité après leur maternité.
Si les Tanzaniens écoutaient les organisations occidentales de défense des droits de l’homme, «il pourrait arriver que, dans toute une classe, toutes les élèves aient des bébés», avait argué M. Magufuli pour justifier son souhait d’exclure les écolières enceintes.
Le président et certains de ses ministres s’en étaient ensuite pris aux organisations internationales défendant les homosexuels. Le ministre de l’Intérieur, Mwigulu Nchemba, a même menacé d’expulser du pays les étrangers qui militeraient pour leurs droits.
«Le président tanzanien et les autres hauts responsables devraient s’employer à construire le pays en permettant à chacun de terminer sa scolarité, et en mettant fin à la discrimination», a déclaré Elin Martinez, chercheuse chargée des droits de l’enfant à HRW.
Environ 30% des élèves de sexe féminin ont abandonné l’école après être tombées enceintes en 2015, soulignent ces ONG citant des chiffres du gouvernement tanzanien.
Un rapport de l’ONG Human Rights Watch publié le 16 juin avait affirmé que des responsables d’écoles de Tanzanie effectuaient des tests de grossesse afin d’expulser les élèves enceintes, les privant ainsi de leur droit à l’éducation.
Surnommé «Tingatinga» (bulldozer en swahili), le président Magufuli a marqué les esprits depuis sa prise de fonctions fin 2015 en se montrant inflexible dans la lutte contre la corruption. Mais son style peu consensuel et abrupt lui vaut d’être qualifié d’autocrate et de populiste par ses détracteurs, alors que la liberté d’expression est de plus en plus réduite dans le pays.
Des meetings de partis d’opposition ont été interdits, des journaux fermés, et des journalistes et artistes molestés ou menacés de mort pour avoir osé critiquer la nouvelle administration.
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