Procès : 3 à 10 ans de prison pour avoir torturé un marchand d’art

Tribunal

Le verdict est tombé vendredi dernier après cinq jours de procès. La cour d’assises de Paris a condamné à des peines de trois à dix ans de prison trois hommes dont l’ancien patron du Glove (rue Charlot) qui avaient séquestré et torturé Jean-Claude Declercq, 75 ans, un marchand d’art dans le sous-sol de sa galerie parisienne en 2014.

C’est l’ancien dirigeant du Glove qui a écopé la peine la plus lourde : dix années de réclusion criminelle assortie d’un suivi socio-judiciaire de cinq ans, précisant qu’en cas de non observation de cette mesure la détention sera rallongée de deux ans. Douze avaient été requis contre lui.

Les autres accusés, entrés libres aux assises, en sont repartis menottés. Complice et ami de Sadot, Ludovic-François Jaouen, 47 ans, s’est vu infliger une peine de sept années d’emprisonnement, également assortie d’un suivi socio-judiciaire, de trois ans. Une peine plus légère que celle requise, de dix ans de réclusion criminelle. Max Diener, 26 ans, a été condamné à trois ans d’emprisonnement.

Retour sur les faits

Le drame remonte au 21 février 2014, dans une galerie d’art située dans le IX e arrondissement à Paris.

Ce jour-là, vers 19 h 30, Jean-Claude Declercq voit un homme se présenter devant l’entrée de sa galerie consacrée à la photographie. Le marchand d’art ne se doute de rien et le laisse entrer. Aussitôt, deux autres hommes surgissent. Le visage de l’un d’entre eux est loin d’être inconnu pour la victime : Emmanuel Sadot, 45 ans, est en conflit depuis de nombreux mois avec le galeriste après la fermeture de son bar, le Glove, rue Charlot (actuellement le Mensch).

L’établissement, propriété de JC Declercq mais géré par Emmanuel Sadot, a été placé en liquidation judiciaire au mois de janvier 2013, avant de devoir fermer ses portes. « Depuis, ce gérant tenait le galeriste pour responsable de sa ruine, confie un proche de l’affaire. Il semblait avoir décidé de lui extorquer par tous les moyens une importante somme d’argent. »

Frappé à plusieurs reprises par ses trois agresseurs, Jean-Claude est ensuite immobilisé avant de se voir injecter un produit inconnu dans la cuisse. « Ses ravisseurs l’ont terrorisé en lui affirmant qu’ils étaient en train de lui inoculer le virus du sida, poursuit la même source. Ils lui ont fait d’autres injections dans les parties intimes. »

JC est ensuite brûlé, à plusieurs reprises, avec une cigarette. Toujours aussi déterminés, ses agresseurs lui plantent l’aiguille de leur seringue sous les ongles avant de lui faire subir plusieurs viols.

Le calvaire de JC dure ainsi près de cinq heures. Pour finir de l’humilier, les auteurs poussent le sadisme jusqu’à filmer et photographier les sévices infligés à leur victime. « Ils ont notamment pris une photo du galeriste avec une tête d’animal mort posée sur son corps, révèle un proche de l’affaire. Ils n’ont eu aucune pitié pour lui. »

Emmanuel Sadot et ses comparses finissent par contraindre le marchand d’art à signer une reconnaissance de dettes d’un montant de 350 000 €. « Vers minuit et demi, ils l’ont laissé seul un moment, ajoute la même source. Le galeriste est parvenu à prendre la fuite avant de se réfugier dans un bar tout proche. »

Ses tortionnaires quittent ensuite rapidement les lieux en emportant des bijoux et 3 000 € en argent liquide. Sous le choc, JC est pris en charge par les secours avant de se voir délivrer dix jours d’interruption totale de travail (ITT). Quelque temps plus tard, la victime découvre des photos prises au cours de sa séquestration affichées sur la façade de sa galerie.