Sida : l’épidémie risque de rebondir à cause de la Russie (ONU)
L’épidémie de sida, qui régressait régulièrement depuis de nombreuses années dans le monde, risque de rebondir en raison notamment d’une nette augmentation des nouveaux cas en Russie. Constat étonnant émis par l’ONU dans un rapport.
Selon ce document de 286 pages rendu public mardi par l’Onusida, on évalue à 1,9 million le nombre des adultes qui ont été contaminés par le VIH chaque année entre 2010 et 2015.
Malgré un déclin constant de l’épidémie depuis son « pic » atteint en 1997, il y a encore 36,7 millions de personnes dans le monde qui vivent avec le virus, la plupart en Afrique sub-saharienne.
En revanche, la contamination chez les enfants a été réduite de plus de 70% depuis 2001 et continue de reculer.
L’ONU s’est fixé pour objectif de mettre fin à l’épidémie en 2030. Mais depuis 2010, le mouvement de baisse a atteint un palier et s’est même nettement inversé dans certaines régions.
« Cette situation me fait peur et nous devons agir rapidement », a déclaré Michel Sidibé, directeur de l’Onusida, au cours d’une conférence de presse à Genève. « Sinon, l’épidémie pourrait une nouvelle fois causer des pertes humaines et économiques énormes ».
C’est en Europe de l’Est et en Asie centrale que le nombre des nouveaux cas a explosé (+57%) ces cinq dernières années : 80% d’entre eux ont été signalés en Russie et 10% en Ukraine.
Les pouvoirs publics russes préfèrent en effet se focaliser sur le traitement du sida que sur sa prévention.
La Russie a ainsi banni la méthadone, substitut à l’héroïne qui, pour nombre de spécialistes, réduit le risque de contamination chez les toxicomanes. Moscou réprime également l’homosexualité.
En 2015, le nombre des séropositifs en Russie a dépassé la barre du million, et plus de 200.000 d’entre eux sont déjà morts, selon le Centre fédéral russe de la lutte contre le sida.
Le rapport de l’Onusida rappelle que les personnes les plus exposées sont les homosexuels, les prostituées et leurs clients, les transsexuels, les consommateurs de drogues injectables et les prisonniers.
« Si vous ne contrôlez pas l’épidémie au sein de ces groupes, parce que vous les marginalisez, parce que vous les excluez, parce que vous les criminalisez(…) vous allez avoir l’infection qui va s’étendre à l’ensemble de la population », a mis en garde M. Sidibé.
Le nombre des cas de VIH a également augmenté dans les Caraïbes (+9%), au Moyen-Orient, en Afrique du Nord (+4% dans ces deux régions) et en Amérique Latine (+2%) entre 2010 et 2015.
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