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Une autre politique des drogues pour remédier au sida

Les Nations unies se sont fixé comme objectif l’élimination du VIH, des hépatites virales et de la tuberculose d’ici à 2030. Pour y parvenir, il ne faut plus ignorer les personnes usagères de drogues, quels que soient leur origine ethnique, leur genre ou leur statut social, mais plutôt les prioriser. La 62e session de la Commission des stupéfiants se tient à Vienne cette semaine et aborde ce thème.

Alors que l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) demeure l’organe international responsable de la réponse aux drogues et au crime organisé, la voix de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se fait entendre de plus en plus fort, avec celle de nombreux acteurs de la société civile de la santé, du développement et des droits humains. Leur demande: privilégier une politique des drogues axée sur la santé publique et les individus, reconnaissant l’expérience et le large éventail de données scientifiques.

On estime à 15,6 millions le nombre de personnes usagères de drogues par injection dans le monde. Parmi elles, environ 12% vivent avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), 9% avec le virus de l’hépatite B (VHB) et 52% (plus de la moitié, soit 33 fois plus que chez la population générale) avec le virus de l’hépatite C (VHC). La tuberculose (TB) aussi est surreprésentée dans ces populations particulièrement vulnérables, avec une prévalence mondiale estimée à 8%.

Les Nations unies se sont fixé comme objectif l’élimination du VIH, des hépatites virales et de la tuberculose d’ici à 2030. Pour y parvenir, il ne faut plus ignorer les personnes usagères de drogues, quels que soient leur origine ethnique, leur genre ou leur statut social, mais plutôt les prioriser. Cela débute par la promotion des programmes de réduction des risques, à l’échelle tant internationale que nationale, et au niveau communautaire. Il est également nécessaire de mettre en cohérence avec les objectifs de santé la politique globale en matière de drogue en dépénalisant l’usage et la possession pour consommation personnelle, comme le recommandent l’OMS et onze autres agences des Nations unies. Au Portugal, la dépénalisation de l’usage de drogues en 2001 a permis une réduction drastique des infections au VIH et réduit le nombre de consommations problématiques. Ce n’est qu’en réformant notre approche des drogues que nous pourrons peut-être éliminer le VIH et les hépatites virales.