Allemagne: la blague de la présidente fédérale de la CDU sur les transgenres ne passe pas Mar06

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Allemagne: la blague de la présidente fédérale de la CDU sur les transgenres ne passe pas

En évoquant « ceux qui n’ont pas encore décidé s’ils devaient faire pipi debout ou assis », Annegret Kramp-Karrenbauer, la présidente fédérale de la CDU, s’est attiré les foudres de ses opposants et de certains membres de son parti.

Bild, le quotidien le plus lu du pays, a consacré une pleine page à la tempête politique, comme la plupart des quotidiens allemands. Depuis une semaine, l’affaire fait la une des journaux. L’intervention d’«AKK» au carnaval était particulièrement attendue cette année. La probable candidate à la succession d’Angela Merkel à la chancellerie se grimerait-elle comme elle en a l’habitude en femme de ménage, au risque de brusquer son image ?

Sur la scène du théâtre de Stockach, dans le Bade-Wurtemberg jeudi dernier, elle s’est livrée comme chaque année à un spectacle qui se moque de la politique «berlinoise» et des hommes qui la font. Lors de ce genre de soirées, typiques du carnaval, chaque blague est ponctuée par les cuivres de l’orchestre. L’idée n’est pas à la finesse mais à la grosse plaisanterie.

«Vous avez vu les hommes d’aujourd’hui? Qui est allé récemment à Berlin? Là, il y a le groupe des Latte-Machiatto», lance-t-elle en rigolant de ce café au lait qui passe jusqu’à la caricature pour la boisson préférée des bobos et des hipsters de la capitale. «Ces hommes ont introduit les toilettes du troisième sexe. Elles ont été faites pour ceux qui n’ont pas encore décidé s’ils devaient faire pipi debout ou assis». La salle rit. Pas les associations de défense des personnes transgenres qui ont diffusé la vidéo sur Internet.

La plaisanterie, jugée de mauvais goût, a déclenché un malaise et une riposte politique contre Annegret Kramp-Karrenbauer. «Le vent conservateur souffle à nouveau au sein de la CDU», a critiqué le secrétaire général du SPD, Lars Klingbeil, en déplorant le total «manque de respect» d’AKK. «Est-il possible de faire rire sans s’en prendre aux minorités?», s’est interrogé le député libéral (FDP) Jens Brandenburg. Les Verts ou Die linke ont eux aussi relayé la critique. Même le groupe LGBT de la CDU a demandé à AKK de «s’excuser» pour sa blague. «Quelques limites doivent être claires. On ne fait plus de plaisanteries sur les minorités», a estimé Alexander Vogt en réclamant une discussion avec la présidente du parti.