Botswana : la justice examine une demande de dépénalisation de l’homosexualité Mar14

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Botswana : la justice examine une demande de dépénalisation de l’homosexualité

La Haute Cour du Botswana a ouvert le dossier de la dépénalisation de l’homosexualité dans une affaire qui pourrait faire date en Afrique où les relations entre individus du même sexe sont largement réprimées.

Le Botswana est considéré comme l’un des pays africains les plus démocratiques et pourtant l’homosexualité y est interdite par le code pénal de 1965.

Une personne anonyme conteste devant la justice deux articles de ce code, qui punit les relations homosexuelles de sept ans de prison au maximum. « Ces articles (…) limitent les interactions que je peux avoir avec des personnes qui s’identifient de la même manière que moi, car je crains d’être emprisonné », explique le requérant, identifié sous les seules initiales L.M. dans des documents lus par son avocat, Gosego Lekgowe, devant la Haute Cour de Gaborone.

« Nous ne cherchons pas à ce que les gens soient d’accord avec l’homosexualité mais à ce qu’ils soient tolérants », ajoute-t-il.

S’exprimant à la barre au nom de l’Etat, Sidney Pilane a rejeté ces arguments au nom de la « moralité publique ». « C’est un jeune homme courageux, mais cette affaire n’a rien à voir avec les homosexuels et le code pénal, c’est une question de moralité publique », a-t-il plaidé, suggérant au requérant d’adresser ses doléances au Parlement.

« La loi n’a pas à intervenir dans les chambres à coucher », lui a rétorqué, cinglant, le juge Abednego Tafa.

« Quel est l’intérêt du gouvernement à s’immiscer dans les relations sexuelles privées entre adultes consentants ? », a renchéri Me Lekgowe au nom du requérant, « il est inhumain et dégradant que le gouvernement et le Parlement interfèrent dans ces relations sans la moindre justification ».

Le Botswana est devenu progressivement ces dernières années plus tolérant à l’égard de l’homosexualité. En 2016, un tribunal a jugé que le gouvernement avait tort de refuser d’enregistrer une organisation représentant les homosexuels et d’autres minorités sexuelles.