Homophobie : les violences en hausse en 2016 avec la campagne électorale

Après deux années de baisse, les actes homophobes ont augmenté de 19,5% en 2016. Dans son rapport annuel rendu public, l’association SOS Homophobie assure que cette recrudescence de violences est liée à la campagne électorale. Sur internet et dans la rue, les langues se sont déliées, les « arguments de la Manif pour tous » ayant notamment été « relayés par Sens commun ».

« La haine envers les personnes lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT) persiste, s’amplifie et s’ancre toujours aussi profondément dans notre société », affirme SOS Homophobie dans son rapport annuel. Après deux années de baisse, les actes homophobes ont ainsi fortement augmenté en 2016 : 1 575 témoignages de victimes ont été enregistrés en 2016, contre 1 318 en 2015, soit une augmentation de 19,5%.

L’association attribue cette recrudescence à la multiplication des propos discriminants durant la campagne électorale. Après une forte hausse liée aux débats houleux sur le mariage pour tous, et un pic de 3 517 signalements en 2013, les actes homophobes étaient retombés en 2015 à leur niveau de 2009, qui marque la persistance de « l’homophobie ordinaire », avance SOS Homophobie.

Mais durant « la préparation de la présidentielle », notamment la primaire de la droite, « le discours conservateur, de haine, a été beaucoup repris dans les médias », ce qui a « stimulé » les propos discriminatoires, analyse son président Joël Deumier. « Les arguments de la Manif pour tous ont été relayés par Sens commun », son émanation politique et l’un des principaux soutiens du candidat LR François Fillon, ce qui a « amplifié » leur diffusion dans « une partie de la droite », poursuit le militant.

Internet, « cet espace d’expression qui échappe à la législation censée l’encadrer », a ensuite servi de « défouloir » pour les homophobes qui ont lancé des hashtags violents et injurieux, pointe le rapport. Ainsi, 22,5% des témoignages surviennent sur la toile, principal « contexte » de l’homophobie devant la famille (15%) et les lieux publics (14%).

Enfin, si 2016 a constitué une année « historique » pour les transgenres français [la procédure de changement d’état civil a été considérablement allégée, NDLR], les signalements d’actes transphobes ont presque doublé, passant à 121 contre 63 en 2015.

Le profil type de la victime est un homme (57% des signalements) vivant hors d’Ile-de-France (64%) et a entre 25 et 50 ans (63%). 45% des témoignages dénonçaient des insultes. Dans 13% des cas, il y avait eu agression physique.