La Vie d’Adèle perd son visa d’exploitation

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Une association proche des catholiques intégristes, Promouvoir, a obtenu, très discrètement, de la justice que l’interdiction aux moins de 12 ans de La Vie d’Adèle, Palme d’or en 2013 à Cannes, soit réexaminée. La cour administrative d’appel de Paris a annulé son visa d’exploitation. Du coup, le film est devenu hors-la-loi. Scandaleux !

La cour a estimé que La Vie d’Adèle : chapitres 1 et 2 d’Abdellatif Kechiche comportait « plusieurs scènes de sexe présentées de façon réaliste, en gros plan » qui sont « de nature à heurter la sensibilité du jeune public ». C’est d’ailleurs ce que précisait le visa d’exploitation numéro 131739 émis en premier lieu.

La cour administrative d’appel de Paris demande à la ministre de la Culture Fleur Pellerin de « procéder au réexamen de la demande de visa » d’exploitation du film dans un « délai de deux mois ».

En attendant, son visa est suspendu. La diffusion du film est donc bloquée sur tous les supports : diffusion à la télévision, en vidéo à la demande, en DVD. La projection du film dans une salle de cinéma, dans le cadre d’un festival ou d’une rétrospective par exemple, est également interdite.

Le ministère de la Culture a immédiatement annoncé son intention d’introduire un recours devant le Conseil d’Etat, afin de casser la décision de la cour administrative d’appel. Mais il est peu probable que le ministère obtienne gain de cause.

L’association Promouvoir peut s’appuyer sur un article du Code du cinéma et de l’image animée, qui stipule que tout film qui « comporte des scènes de sexe non simulées ou de très grande violence » doit être interdit aux moins de 18 ans. Une définition assez large pour laisser de la place à l’interprétation.

Constatant que l’état actuel des textes permet à cette association d’obtenir facilement satisfaction en justice, Fleur Pellerin a chargé le président de la commission de classification du CNC, Jean-François Mary, de lui présenter d’ici janvier des propositions de réforme. L’objectif pour le ministère est d' »améliorer et sécuriser la procédure de délivrance des visas », avec « le souci de bien concilier la protection de la jeunesse » et « un cinéma libre, audacieux, en prise avec son temps ».