Les pères homosexuels plus investis que les pères hétérosexuels Fév06

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Les pères homosexuels plus investis que les pères hétérosexuels

Les pères homosexuels se montrent plus investis et équitables que les pères hétérosexuels dans le partage des tâches parentales, c’est ce que révèle une étude sur le comportement des pères adoptifs gays au Québec que publie le journal Le Devoir mais qui tient à préciser dans son article que « comme dans les familles « traditionnelles », des différences d’implication demeurent. » Explications.

« Même s’ils sont très impliqués, on a distingué chez plusieurs [couples] un père « principal » et un père « secondaire », comme dans le modèle de la famille hétérosexuelle traditionnelle, où les mères sont plus impliquées dans les soins et le soutien émotionnel auprès de l’enfant », explique Éric Feugé, professeur de psychologie au Collège de Maisonneuve.

Pour sa thèse de doctorat, il s’est intéressé à l’engagement des pères homosexuels adoptifs auprès de leurs enfants, s’appuyant sur le vécu de 46 familles, soit 92 pères et 46 enfants de 1 à 9 ans. Les résultats ont été publiés dans les revues Psychology of Sexual Orientation and Gender Diversity et Attachment Human Development.

En entrevue avec Le Devoir, l’auteur parle de « Gabyboom », expliquant que nombre de couples du même sexe se tournent vers l’adoption, ces dernières années. Rappelons qu’au Québec, ils n’ont pas accès à l’adoption internationale, la majorité des pays étant réticents à l’idée de leur confier leurs enfants. Ils peuvent toutefois depuis 2002 avoir recours aux services de la banque mixte du Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ), qui traite les cas d’enfants abandonnés ou retirés à leurs parents.

Si la thèse de M. Feugé vient appuyer d’autres études, montrant que le revenu peut jouer un rôle dans le niveau d’implication des pères — hétérosexuel ou homosexuel — le « degré de féminité » des pères gais apparaît bien plus déterminant. « Ce sont des stéréotypes sexuels arbitrairement définis par la culture, mais on va dire d’une mère qu’elle est beaucoup plus sensible, compatissante, chaleureuse, douce… » Des « qualités féminines » que possèdent les pères homosexuels de son étude. Particulièrement la sensibilité, définie comme la « capacité à comprendre les besoins de l’enfant et à y répondre de façon adéquate rapidement ». « On associe ça à l’instinct maternel, ramenant ça au sexe de la personne, mais ça n’a rien à voir, c’est un apprentissage tant pour les hommes que pour les femmes », soutient M. Feugé.

Une opinion partagée par Maxime-Olivier Leclerc, conseiller en créativité média. Son conjoint et lui ont adopté il y a plus d’un an des jumeaux, un garçon et une fille désormais âgés de seize mois. « On garde en tête le stéréotype que la maman est plus sensible, mais les gais ont un côté un peu féminin. Je généralise, mais en même temps je connais assez d’homosexuels autour de moi pour confirmer qu’on est plus près de nos émotions et qu’on a une sensibilité à l’autre plus développée que les [hommes] hétérosexuels », assure-t-il.

S’il n’a pas participé à l’étude de M. Feugé, il vient appuyer ses conclusions, racontant partager équitablement les responsabilités parentales avec son conjoint. « Notre implication est globalement la même. Une chance qu’on a des jumeaux, sinon on se chicanerait presque pour s’en occuper. »

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Source : Le Devoir