Près de 150 lettres d’Alan Turing retrouvées à l’université de Manchester

Près de 150 lettres écrites par le mathématicien anglais Alan Turing (photo), père de l’informatique, ont été retrouvées par hasard à l’université de Manchester, rapporte le Guardian. Condamné à subir un traitement de castration chimique en raison de son homosexualité, Alan Turing s’est donné la mort le 7 juin 1954, en croquant une pomme imprégnée de cyanure.

Ces lettres révèlent peu d’éléments sur la personnalité de l’homme qui a déchiffré le code Enigma, utilisé par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Comme le précise Le Monde, elles renvoient aux activités professionnelles du mathématicien : invitations à des conférences, sollicitation pour l’écriture d’articles, demandes de photographies.

Interrogé par Le Guardian, l’archiviste de l’université James Peters salue une découverte « unique ». « Les archives relatives à Turing sont extrêmement rares (…) Il y a certes peu de correspondance personnelle et pas de lettres envoyées aux membres de sa famille. Mais cela nous donne toujours un aperçu intéressant de ses travaux et de sa vie académique à l’Université de Manchester. »

Esprit brillant, Alan Turing est l’auteur en 1936 d’un texte fondateur qui donnera lieu à la « machine de Turing », ancêtre de l’ordinateur. Pendant la guerre, il parvient à décrypter la machine Enigma, le code secret utilisé par les sous-marins allemands croisant dans l’Atlantique Nord. Les historiens jugent que sa découverte a permis d’accélérer la fin du conflit.

Après la guerre, il devient un précurseur en matière d’intelligence artificielle avec son « test de Turing » qui faisait discuter un humain avec un ordinateur. Le scientifique, longtemps méconnu, est toutefois mort, en raison de son homosexualité. Ce n’est que 55 ans après sa mort que le Premier ministre britannique de l’époque, Gordon Brown, a exprimé en 2009 des excuses posthumes au nom du gouvernement avant la grâce d’Elizabeth II prononcée en 2013.