Mariage-adoption gay : ce qu’en disent Fillon et Juppé

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Les deux candidats finalistes de la primaire de droite se sont exprimés hier soir lors du dernier débat avant le second tour sur le mariage pour tous ainsi que sur l’adoption par les homosexuels. Alain Juppé et François Fillon disent ne pas vouloir revenir sur la légalisation du mariage gay, en revanche le second veut « remettre de l’ordre dans le droit de filiation ».

Pour la première fois, Juppé et Fillon ont été clairs sur leur position concernant le mariage entre personnes de même sexe. « Le mariage pour tous a perturbé le droit de la filiation », a déclaré François Fillon. « J’étais contre le mariage pour tous comme Alain Juppé quand ce débat a eu lieu. Je me suis exprimé à l’Assemblée nationale pour exprimer les raisons de mon opposition. Si nous revenons au pouvoir, nous ne reviendrons pas sur la notion de mariage. Mais je veux remettre de l’ordre dans le droit de la filiation. Je veux y écrire que l’enfant est toujours le fruit de l’union d’un homme et d’une femme. Les couples homosexuels peuvent toujours adopter. Mais l’adoption est une adoption simple qui n’efface pas la filiation naturelle», a-t-il ajouté.

De son coté , Alain Juppé a indiqué que «le mot de mariage ne me paraissait pas adéquat. Mais l’union entre deux homosexuels est entré dans nos droits et dans nos moeurs et je n’y toucherai pas», explique Alain Juppé.

Alain Juppé et François Fillon ne se sont prononcés pour l’abrogation de la loi Taubira. Le premier, «convaincu qu’on ne reviendra pas en arrière», a opté pour le statu quo. Une prise de position qui lui permet d’éviter de remettre un sujet explosif sur la table et s’inscrit donc dans sa stratégie de rassemblement.

François Fillon, pour sa part, a parié sur la ténacité de l’hostilité de l’électorat de droite, et en particulier des catholiques, contre la «réforme de civilisation» de la loi Taubira. Sur l’air d’«un papa et une maman, il n’y a rien de mieux pour les enfants», l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy a toujours défendu une réécriture de la partie «filiation» du texte. Il ne souhaite cependant pas supprimer l’adoption simple pour les couples homosexuels, un régime juridique qui crée des liens de parenté sans effacer les origines de l’enfant. Autrement dit, le nouveau favori des sondages voudrait voir inscrit dans le Code civil qu’un enfant est le fruit d’un père et d’une mère. «Une solution équilibrée et politiquement faisable», glisse-t-on désormais dans l’équipe de Sens commun où l’on préfère cependant le terme de«parrainage» ou de«tutorat» à celui d’adoption simple.

François Fillon présente aussi cette réécriture comme la meilleure façon de contrer «l’effet domino» de la loi Taubira et de bloquer l’ouverture de la PMA (procréation médicalement assistée) aux couples de femmes et la GPA (gestation pour autrui) en France. Le nouveau favori des sondages a en outre promis de renforcer les sanctions pénales contre le recours à la GPA ou sa promotion et de mener une action à l’échelle internationale pour son abolition.

Alain Juppé n’est pas en reste sur ces deux sujets. Opposé à la PMA pour toutes et à la GPA, il a déclaré son hostilité à la reconnaissance à l’état civil français des enfants nés de mères porteuses à l’étranger. Chargé d’une mission pour renforcer la prohibition de cette pratique, son soutien Hervé Mariton a planché sur cinq pistes dont la pénalisation des Français qui ont recours à une mère porteuse à l’étranger ou encore l’interdiction, via des conventions bilatérales, des GPA à l’étranger pour les Français.