Une victime témoigne des violences policières contre les homosexuels en Tchétchénie
Pour la première fois hier, une des victimes des persécutions subies par les homosexuels en Tchtéchénie s’est exprimée publiquement, à visage découvert, sur les violences perpétrées par la police. Maxime Lapounov (photo), 30 ans, raconte avoir été retenu 12 jours dans une cellule où il a été battu sans relâche pour qu’il révèle le nom d’autres homosexuels. Il révèle avoir porté plainte en août dernier.
« L’accusation principale contre moi était d’être homosexuel », a assuré Maxime Lapounov, 30 ans, lors d’une conférence de presse tenue à Moscou dans les locaux du journal Novaïa Gazeta, qui a révélé l’affaire. Originaire d’Omsk, en Sibérie, Maxime Lapounov dit avoir travaillé en Tchétchénie depuis 2015, vendant notamment des ballons près d’un centre commercial à Grozny, la capitale tchétchène.
La victime affirme avoir été arrêté le 16 mars dernier par des personnes en civil et emmené vers un poste de police où il a passé 12 jours dans une cellule. « Toutes les 10 ou 15 minutes, ils (policiers, ndlr) venaient dans ma cellule en me disant que j’étais gay et qu’il fallait tuer des gens comme moi« , a affirmé Maxime Lapounov, qui a ensuite dit avoir été « battu très longtemps avec des bâtons (…) sur les jambes, les cuisses, les fesses et le dos », par des hommes lui demandant de révéler l’identité d’autres homosexuels.
« Ils se comportaient de manière très agressive, cruelle, en m’humiliant et m’insultant », a-t-il assuré, en affirmant avoir entendu quotidiennement « les cris et les demandes de grâce » des autres homosexuels arrêtés et torturés selon lui par la police.
Si Maxime Lapounov a indiqué ne pas avoir été soumis à des chocs électriques, il rapporte avoir vu un générateur électrique à manivelle correspondant à un appareil décrit par d’autres victimes, qui aurait servi à les torturer, rapporte le New York Times. Le jeune homme a affirmé avoir été contraint de laisser ses empreintes sur une arme et admettre dans une vidéo qu’il était homosexuel, avant d’être libéré le 28 mars et de quitter la Tchétchénie.
Son avocat Vladimir Smirnov a précisé qu’il avait pris en photo les bleus de son client après sa libération, que celui-ci était en mesure de reconnaître le commissariat où il avait été retenu et qu’il connaissait les noms ou surnoms d’environ une douzaine de policiers impliqués.
« La seule chose que je souhaite maintenant, c’est que justice soit faite« , a déclaré Maxime Lapounov. Vendredi, la déléguée russe pour les droits de l’Homme, Tatiana Moskalkova, a annoncé avoir reçu la première plainte – celle de Maxime Lapounov – et l’avoir remise au Comité d’enquête russe, chargé des principales investigations dans le pays.
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