Une personne intersexuée obtient un état civil

Une personne intersexuée a été reconnue de « sexe neutre » par le tribunal de grande instance (TGI) de Tours (Indre-et-Loire). Le jugement a été rendu le 20 août dernier. C’est 20 Minutes qui révèle l’information.

« Pour la première fois, écrit le quotidien, une juridiction française a autorisé une personne à sortir du système binaire masculin/féminin en ordonnant à l’officier d’état civil de la mairie de Tours de modifier son acte de naissance » pour y faire figurer la mention « sexe neutre ».

L’intersexuation est peu connue du grand public. Pourtant, elle pourrait concerner 1 individu sur 1000 (2000 ou 4000 selon les données). Une personne intersexuée est née avec des attributs masculins et féminins. Pour les désigner, on parle souvent d’hermaphrodisme.

Dans un entretien à 20 Minutes, la personne venant d’obtenir la mention « sexe neutre » sur son état civil est née, selon son médecin, avec un « vagin rudimentaire », un « micropénis », mais pas de testicules.

Enregistrée en tant que personne de sexe masculin, elle souffre alors d’avoir été mise dans cette case dès sa naissance, précise le quotidien. « A l’adolescence, j’ai compris que je n’étais pas un garçon. Je n’avais pas de barbe, mes muscles ne se renforçaient pas « , a confié cette personne aujourd’hui âgée de de 64 ans qui a requis l’anonymat.

« Le sexe qui [lui] a été assigné à sa naissance apparaît comme une pure fiction (…) imposée durant toute son existence », écrit le magistrat dans son jugement que 20 Minutes a pu consulter. « Il ne s’agit aucunement de reconnaître l’existence d’un quelconque ‘’troisième sexe’’ mais de prendre acte de l’impossibilité de rattacher l’intéressé à tel ou tel sexe, ajoute le magistrat.

Craignant que « cette requête renvoie à un débat de société générant la reconnaissance d’un troisième genre », le parquet de Tours a fait appel du jugement, toujours selon le quotidien. L’affaire sera plaidée devant la cour d’appel d’Orléans.

Quoi qu’il en soit, elle ferait « déjà avancer la cause des personnes intersexuées qui luttent pour que leur existence soit reconnue dans la société ». Comme le soulignait à Libération Vincent Guillot, fondateur du mouvement intersexe en Europe, « Pour les médecins, nous ne sommes que des garçons et des filles plus ou moins ratés qu’on va réparer ». Et d’ajouter: « Beaucoup ne savent rien de leur intersexualité et vivent dans un total isolement ».