VIH : 1 dentiste sur 3 refuse de soigner les patients séropositifs

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C’est une étude de l’association AIDES qui le révèle : un tiers des personnes atteintes du Vih déclare avoir été confronté à un refus de soins de la part d’un dentiste.

Effectué sur un total de 440 cabinets de chirurgiens-dentistes choisis aléatoirement dans 20 villes françaises, ce test s’est déroulé sur une semaine au mois d’avril et chaque réponse a été enregistrée « pour peser sur les débats en cours au Parlement sur la loi Santé », selon AIDES.

« L’acte médical demandé à chaque fois, un simple détartrage, ne traduisait pourtant pas une situation grave d’intervention, ne justifie pas d’orientation vers un médecin spécialiste, vers un plateau technique particulier ou vers un service d’urgence », précise l’association qui a travaillé en concertation avec des médecins pour préparer cette opération.

Les données obtenues ont révélé dans le détail que 3,6 % des dentistes – ou leur secrétaire – avaient tout bonnement refusé de recevoir le patient à cause de sa séropositivité. « La docteur n’est pas formée pour ce type de patients » ou « les gens comme vous vont plutôt à l’hôpital », ont alors pu entendre les militants.

Mais la majorité des refus ont été déguisés, rapporte AIDES. Sur les 440 professionnels de santé contactés, 132 ont utilisé des « stratégies de découragement » à l’égard des personnes vivant avec le VIH en proposant des horaires contraignants, exposant des dépassements d’honoraires ou exigeant des garanties de solvabilité financière.

Dans un peu moins de 20% des cas, les soins n’ont pas été refusés mais l’interlocuteur a fait preuve de maladresse. AIDES évoque notamment une méconnaissance du VIH et de sa transmission (« Non, non, pas de soucis, au pire je mettrai deux paires de gants ») et une rupture de confidentialité (« Pour votre VIH, je le note dans le carnet de rendez-vous »).

Si l’enquête a mis en évidence des différences de traitements entre les patients qui évoquent leur séropositivité et ceux qui ne l’abordent pas, l’association tient tout de même à souligner que « pour 57,9 % des dentistes ou secrétaires, les pratiques de soin, l’accueil et la communication ont été conformes à la déontologie médicale. Certains ont aussi fait preuve de bienveillance ».

« Vous m’auriez dit ça il y a vingt ans… mais aujourd’hui… », a réagi le président de l’ordre national des chirurgiens-dentistes Christian Couzinou auprès du Parisien, qui a publié l’enquête d’AIDES. « Ces réactions sont tout à fait anormales […]. Dans les cabinets, les précautions sont les mêmes quel que soit le patient. D’ailleurs, certains ignorent qu’ils sont séropositifs, et quand ils le savent ils ne sont pas obligés de le dire. »

« Devant de tels résultats, soignants et parlementaires ne peuvent plus nier l’existence et l’ampleur des refus de soins. Ce testing doit agir comme un électrochoc », explique de son côté Bruno Spire, président de AIDES, et recommande une meilleure formation, l’élargissement de la définition légale des refus de soins, légaliser ces testings pour « obtenir des données objectivées et actualisées » ou encore impliquer les associations de malades et pas uniquement l’ordre des médecins dans l’observatoire dédié aux refus de soins prévu par le projet de loi santé.