L’éternelle chanson Comme ils disent
C’est avec sa chanson Comme ils disent que nous saluons la mémoire de Charles Aznavour décédé la nuit dernière. Une chanson que les homosexuels portent en eux à jamais. En 1972, Charles Aznavour interprète pour la première fois à l’Olympia cette chanson sur l’homosexualité et le tabou qu’elle représente, à une époque où elle était encore sanctionnée pénalement. Le succès est immédiat. « C’est la première fois que l’on ne se moquait pas de l’homosexualité. Ce n’est pas à nous de juger » avait déclaré le chanteur à propos de cette chanson.
Le temps d’une chanson, Aznavour se met ainsi à la place de ceux qui sont moqués et discriminés à cause de leur orientation sexuelle. « On rencontre des attardés / Qui pour épater leur tablée / Marchent et ondulent / Singeant ce qu’ils croient être nous / Et se couvrent les pauvres fous / De ridicule », dénonçait-il.
Mais Aznavour a révélé le petit secret au Figaro en 2011. En réalité, c’est devant un cercle d’amis homosexuels que l’artiste a interprèté pour la première fois cette chanson. Ils sont alors étonnés par son audace. « Ça a jeté un froid. Puis on m’a demandé qui allait chanter ça. J’ai répondu : « moi ». Nouveau silence. Puis quelqu’un s’est inquiété de savoir si je ferais une annonce. Vous m’imaginez annonçant sur scène que je vais me mettre à la place d’un homosexuel, alors que je ne le suis pas ? Il n’était pas question de reculer ! », racontait-il.
Cette chanson « prenait pour la première fois en compte le sort des homosexuels, mais aussi celui de leur mère, de leur sœur… Elle leur a donné de la force ! », ajoutait-il. « C’est un hymne à la différence, la plus belle chanson sur les homosexuels », a réagi Calogero sur RTL.
La force de cette chanson vient du fait que Charles Aznavour semble d’abord parler d’un vieux garçon, qui vit encore chez sa mère, auquel beaucoup peuvent s’identifier. Il prend son auditoire par les sentiments, avant de lui faire comprendre, seulement au troisième couplet, qu’il parle d’un homosexuel qui mène une double vie. « À l’heure où naît un jour nouveau / Je rentre retrouver mon lot de solitude / J’ôte mes cils et mes cheveux / Comme un pauvre clown malheureux de lassitude ».
C’est l’histoire d’un ami, chauffeur et secrétaire, nommé Androuchka, qui lui inspire cette chanson. « Comme ils disent vient d’un garçon, Androuchka, qui passait souvent à la maison », disait-il à L’Express en 2007. « Il avait une chatte blanche, la cendre tombait sur ses vêtements… J’ai gardé le geste. Je sais observer, imiter, reproduire. J’aime les personnages que je décris ».
(avec Le Figaro et RTL)
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