Maroc : chasse aux sorcières contre les LGBT Avr21

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Maroc : chasse aux sorcières contre les LGBT

Plusieurs associations se sont mobilisées ces derniers jours au Maroc contre une «chasse aux sorcières» visant la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bis et trans), après la publication sur les réseaux sociaux de données personnelles récupérées sur des sites de rencontres comme Grindr ou PlanetRomeo.

Un collectif réunissant une vingtaine d’associations de défense des droits humains a interpellé les autorités marocaines, s’inquiétant de cette «campagne de diffamation» et «d’intimidation» dans un communiqué publié dimanche. Une soixantaine de noms, accompagnés de photographies et parfois d’adresses ou de numéros de téléphone, ont été diffusés la semaine dernière sur les réseaux sociaux après avoir été récupérés sur différentes applications de rencontres spécialisées comme Grindr ou PlanetRomeo, selon les informations réunies par l’AFP auprès de plusieurs militants.

Depuis, certains ont reçu des messages haineux, d’autres encore ont été jetés à la rue par leur famille ou ont subi des violences de leurs proches ulcérés par leur orientation sexuelle, selon les témoignages recueillis par différentes associations.

«Nous recevons des appels et nous assistons les personnes en difficulté qui ont été +outées+ (dont l’orientation sexuelle a été révélée, ndlr) contre leur gré», a déclaré à l’AFP Nidal Alhary, une responsable de l’Union féministe libre, une association de Rabat qui anime une plateforme téléphonique d’urgence dédiée aux violences conjugales et sexuelles. «Le pire c’est que ne nous pouvons pas les aider à cause du confinement», a déclaré sous couvert d’anonymat un membre de l’association «Akaliyat» (minorités) qui milite contre «la criminalisation et la discrimination» envers les minorités sexuelles et religieuses.

«Certains ont voulu déposer des plaintes mais se sont heurtés à l’hostilité de la police», a déclaré à l’AFP, R.N. Cette militante de Casablanca qui ne veut pas être identifiée participe à un réseau de collecte de données sur les victimes et ceux qui les ont dénoncées. Ce réseau s’efforce notamment de vérifier des informations évoquant des cas de suicide, encore non confirmés. Sujet tabou, objet de condamnation sociale, l’homosexualité est considérée comme un crime au Maroc, le code pénal marocain sanctionnant de six mois à trois ans de prison «les actes licencieux ou contre-nature avec un individu du même sexe».

Même si les poursuites restent moins systématiques que dans d’autres pays de la région, un total de 170 personnes ont été poursuivies en 2018 pour ce motif, selon les chiffres officiels. Les défenseurs des droits humains demandent depuis plusieurs années l’abrogation de cette loi, ainsi que des articles sanctionnant les relations sexuelles hors mariage et l’adultère.

(avec agences)