Costa Rica : le mariage gay, au coeur d’une présidentielle très ouverte

Les Costariciens ont voté hier au premier tour d’une présidentielle très ouverte. Le député évangélique Fabricio Alvarado, hostile au mariage pour tous, est arrivé en tête avec 24,9% des suffrages.

Fabricio Alvarado, ce député et pasteur évangélique de 43 ans du parti Restauration nationale (évangélique) est donc le favori. Selon les spécialistes du pays, il doit cette première victoire à une prise de position très ferme contre l’union de personnes de même sexe, après une récente décision de justice qui affecte tout le continent.

Le 9 janvier, la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CourIDH), institution émanant de l’Organisation des Etats américains (OEA), a exhorté les pays de la région à reconnaître le mariage gay, marquant une évolution majeure en Amérique latine, région où les inégalités sont criantes pour la communauté LGBT. « Tous les droits patrimoniaux issus de liens familiaux de couples du même sexe doivent être protégés, sans discrimination par rapport aux couples hétérosexuels », a écrit la CourIDH, dont le siège est à San José, en réponse à une consultation du gouvernement du Costa Rica.

Ce coup de semonce a fait irruption dans la campagne, réveillant la fibre conservatrice des Costariciens, selon des experts. « Nous parlons d’un pays conservateur et religieux », explique à l’AFP le politologue Felipe Alpizar, de l’UCR. Les sondages mensuels du Centre d’études politiques de cette université montrent un rejet massif, autour de 65 %, du mariage homosexuel, de l’usage récréatif de la marijuana, d’un Etat laïc et de l’avortement, même en cas de viol.

Jusqu’ici, dans ce petit pays vivant de l’écotourisme et réputé pour sa tradition démocratique et sa stabilité politique, les préoccupations des électeurs tournaient autour de la corruption et la hausse de la criminalité, due essentiellement à l’essor du trafic de drogue, qui ravage ses voisins.