La fille de Desmond Tutu contrainte de renoncer à la prêtrise
Ouvertement lesbienne, la fille du prix Nobel de la paix Desmond Tutu a été contrainte de renoncer à la prêtrise dans l’Eglise anglicane sud-africaine après avoir épousé une femme.
La révérende Mpho Tutu-van Furth ne peut plus présider la communion, ni célébrer de mariages, baptêmes et obsèques, l’Église anglicane ne reconnaissant pas le mariage homosexuel, et ce, bien que l’Afrique du Sud ait légalisé les unions civiles homosexuelles dès 2006.
L’ancien archevêque anglican Desmond Tutu, héros de la lutte contre l’apartheid, est «triste mais pas surpris» de la nouvelle, a confié Mpho Tutu-van Furth. Il s’était déjà prononcé en faveur du mariage homosexuel dans le passé.
«Selon le droit canonique de l’Église sud-africaine, le mariage est l’union d’une femme et d’un homme», a expliqué Mpho Tutu-van Furth. «Après mon mariage (…), on a conseillé à l’évêque de Saldanha Bay (est de l’Afrique du Sud) de révoquer ma licence. J’ai proposé de la rendre plutôt que de lui imposer de me la reprendre», a ajouté la cinquantenaire.
Un responsable de l’Église anglicane dans le diocèse de Saldanha, Bruce Jenneker, a expliqué avoir reçu «avec tristesse» la licence de Mpho Tutu-van Furth. «C’est vraiment dommage que ce soit arrivé», a-t-il ajouté.
Mpho et sa compagne Marceline Tutu-van Furth (photo), qui sont divorcées d’une première union et ont chacune des enfants, se sont officiellement mariées en décembre aux Pays-Bas. Elles ont organisé une deuxième cérémonie en mai près du Cap, à laquelle Desmond Tutu, 84 ans et à la santé fragile, a assisté.
Elles sont actuellement en voyage de noces sur l’île indonésienne de Bali. «Mon épouse et moi-même accumulons les différences. Certaines de ces différences sont évidentes: elle est grande et blanche, tandis que je suis noire et courte sur pattes», a ironisé Mpho Tutu-van Furth dans le journal sud-africain City Press.
Marceline Tutu-van Furth est professeur en infections pédiatriques basée à Amsterdam. «C’est ironique de constater que notre similitude, le fait que nous soyons toutes les deux des femmes, est aujourd’hui la cause de notre peine, alors que dans le passé les différences étaient un instrument de division», a-t-elle dit en référence au régime sud-africain de l’apartheid, qui a officiellement pris fin en 1994.
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