Jerry, migrant homosexuel, risque l’expulsion au Nigéria Sep18

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Jerry, migrant homosexuel, risque l’expulsion au Nigéria

C’est France Bleu qui rapporte l’affaire. Une trentaine de personnes, membres de l’association paloise Arcolan se sont rassemblées devant le tribunal administratif à Pau mardi pour soutenir Jerry H., un migrant venu du Nigéria. Jerry a fuit son pays parce qu’il est homosexuel. Son compagnon et lui ont été tabassés, il y a trois ans. Son petit ami n’a pas survécu. Lui est tombé dans le coma. Dès son réveil, il s’est échappé de l’hôpital, direction la France.

Jerry est donc arrivé en novembre 2016, il a déposé des demandes de régularisation qui ont toutes été rejetées. Il se retrouve donc sous le coup d’une obligation de quitter le territoire, que son avocate a contesté hier devant le tribunal administratif. C’est son dernier recours.

À 41 ans, Jerry vit dans un squat à Toulouse, il est aidé par l’association paloise d’aide aux LGBT Arcolan. Et il ne peut tout simplement pas retourner dans son pays : « Dans mon pays, ma vie est en danger, raconte-t-il. Ma mère, ma famille… personne ne peut m’aider revenir à la maison, parce que la police me recherche. Selon les règles traditionnelles de la communauté, j’ai commis un crime contre la culture. Eux aussi ils me recherchent. Donc si je reviens, je suis en danger de mort.  C’est très difficile pour moi… Et maintenant on est là, et j’espère que tout ira bien pour moi. Je suis heureux d’avoir trouvé une famille ici, ils m’ont donné de l’espoir, ils m’ont appris à croire en moi. Je suis très heureux de ne plus avoir à me cacher, de ne plus avoir peur parce que je suis gay. Je suis fier d’être homosexuel, et ils ne me feront pas renier ce que je suis. »

La situation des migrants homosexuels est particulière explique le président de l’association Les bascos-Arcolan, Bernard Gachen : « lorsqu’un migrant LGBT arrive en France, il doit prouver qu’il est LGBT. Et on se retrouve avec des personnes qui ne peuvent plus retourner chez elles, parce qu’elles sont en danger, parce que leur pays est homophobe et qu’il y a des lois qui sanctionnent l’homosexualité. Et c’est terrible, parce que ces personnes sont venues pleines d’espoir en voyant la France, pays des droits de l’Homme, où les homosexuels ont le droit de se marier, d’avoir des enfants. Et on leur dit non, on ne vous reconnait pas comme homosexuel. Et c’est là qu’est le drame. Parce que c’est très compliqué à prouver. C’est la crédibilité du récit de vie, mais quand on est homosexuel africain on n’a pas la même approche de homosexualité qu’en Europe : pour eux, c’est la clandestinité, ce sont des amours clandestins. Et souvent, c’est parce qu’ils se font attraper qu’ils sont obligés de fuir, ou qu’ils se font dénoncer par des voisins. »