Pourquoi la mort de Kobe Bryant entraîne le football brésilien à lutter contre l’homophobie Juil27

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Pourquoi la mort de Kobe Bryant entraîne le football brésilien à lutter contre l’homophobie

La mort prématurée de Kobe Bryant, légendaire basketteur américain, a des répercussions assez inattendues. Son décès a donné lieu à une campagne contre l’homophobie dans le football brésilien. C’est surtout le numéro de son maillot qui a son importance : si Kobe Bryant a passé le début de sa carrière à porter le numéro 8, ses fans n’oublieront jamais le numéro 24 (les deux numéros ont d’ailleurs été retirés par la légendaire équipe de des Lakers de Los Angeles. Mais au Brésil, le numéro 24 est assimilé à l’homosexualité, et les sportifs évitent de pratiquer en portant ce numéro, de peur d’être stigmatisés.

Au Brésil, le numéro 24 représente le cerf dans un jeu de hasard illégal depuis 1946 mais populaire : le « Jogo do Bicho » (le jeu des animaux). Dans ce type de loterie dans lequel des millions de « reals » sont dépensés et gagnés chaque année, chaque numéro de un à vingt-cinq est représenté par un animal. Par exemple, le « un » est l’autruche, le « huit » c’est le chameau, et le « vingt-quatre » est représenté par le cerf. Et dans le pays, le cerf est depuis longtemps associé à l’homosexualité.

Cassiano Lopes raconte à la RTBF que le cerf se dit « viado » en portugais. Mais « viado » s’utilise également dans le langage de tous les jours pour appeler les homosexuels de façon offensante. Google propose d’ailleurs la traduction « tapette » pour « viado » en français.

« En raison du sexisme et des préjugés, certains hommes font des blagues sans arrêt sur ce numéro, raconte le jeune brésilien. Si tu as 24 ans, par exemple, certains préfèrent ne pas le dire. Mon anniversaire tombe le 24 novembre, en tant que gay vous n’imaginez pas ce que j’ai dû subir ».

Cassiano Lopes explique que ces préjugés sont parfois mêmes repris pas la communauté homosexuelle elle-même ou certains s’appellent « viado » entre eux. « C’est particulièrement le cas dans les grandes villes », précise le diplômé en communications.

C’est pour toutes ces raisons que les sportifs brésiliens sont rares à porter ce numéro 24. Dans le championnat de football, il est facile d’éviter ce numéro 24, mais dans les compétitions sud-américaines telles que la Copa Libertadores, les équipes doivent être numérotées de 1 à 30, donc quelqu’un doit prendre le maillot floqué du numéro indésirable.

Pour éviter les conflits entre les joueurs, les clubs attribuent donc souvent le maillot du numéro 24 à un gardien réserviste qui n’est pas censé jouer.

Mais la situation change. Après la mort du légendaire basketteur Kobe Bryant, le club de Bahia et le magazine de football Corner ont lancé des initiatives pour mettre fin à cette stigmatisation. Corner a lancé une campagne avec le hashtag #PedeA24 ou Ask for 24 (demande le numéro 24) avec des photos de différents maillots de club portant le numéro.

La campagne a été soutenue par plusieurs des journalistes les plus connus du Brésil qui ont partagé les photos et le hashtag.

En plus de la campagne de Corner, le club de football de Bahia a annoncé que ses joueurs porteraient le numéro 24 sur leur maillot à l’avenir et il a également encouragé d’autres clubs à se joindre à l’initiative.