Une transsexuelle élue au Congrès des très catholiques Philippines

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Les choses avancent à grand pas au delà de notre cher pays des Droits de l’Homme. Geraldine Roman (photo) est devenue la première transsexuelle élue au Congrès des très catholiques Philippines. Une victoire sur l’intolérance, la haine et la discrimination.

Sa victoire lors des législatives de lundi est un motif d’espoir pour le mouvement lesbien, gay, bisexuel et transsexuel (LGBT) d’un pays à 80% catholique, où l’influence de l’Eglise demeure prépondérante. Divorces, avortements et mariages homosexuels sont illégaux aux Philippines, où aucun homosexuel déclaré n’occupe de poste politique de premier plan.

« La politique de l’intolérance, de la haine et de la discrimination n’a pas été la plus forte. Ce qui a triomphé, c’est la politique de l’amour, de la tolérance et du respect », a déclaré à l’AFP Geraldine Roman, 49 ans, après avoir été élue à la Chambre des représentants dans sa province de Bataan, au nord-ouest de Manille.

Elle-même catholique, elle a confié avoir hâte de siéger pour répondre à tous ses détracteurs qui l’accusait de n’avoir qu’un sujet en tête. « Je suis très, très heureuse. Je suis enthousiaste à l’idée de travailler. Je réalise que la charge sera lourde du fait des stéréotypes associés aux LGBT« , a-t-elle dit. « On dit que nous sommes frivoles et que nous n’avons rien d’important à dire et je dois leur prouver qu’ils ont tort », a ajouté celle qui succède dans sa circonscription à sa mère, qui ne pouvait se représenter après trois mandats.

Comme souvent aux Philippines, Mme Roman est issue d’une grande famille politique bénéficiant d’un solide ancrage local. Celle qui est devenue une femme dans les années 1990, n’est pas une militante acharnée de la cause LGBT. Candidate sous les couleurs du Parti libéral du président sortant Benigno Aquino, elle affirme que sa priorité ira à la défense des intérêts de ses électeurs, et à la mise en oeuvre de son programme social. Elle compte toutefois soutenir un projet de loi contre les discriminations au placard depuis 16 ans. Et elle se mobilisera également pour légaliser la possibilité de changer de sexe, qui a été criminalisé en 2001.

« Il y a tant de facteurs de discrimination, le sexe, l’âge, le niveau de scolarité, les croyances. je veux être un exemple pour tous ceux qui subissent des discriminations », poursuit celle qui a essuyé quolibets et injures pendant sa campagne.

Titulaire de deux masters, elle maîtrise aussi trois langues européennes (espagnol, français et italien). Elle a un temps travaillé en Espagne comme journaliste pour l’agence EFE, avant de rentrer au pays il y a quatre ans pour s’occuper de son père malade.