Colombie : la jeune trans qui fait le buzz

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Née Jhon Janer Quintero Espinosa se fait appeler Gabriela depuis deux ans et s’est toujours sentie être une fille. Son école en Colombie vient de l’autoriser à venir en jupe, une décision rare dans ce pays conservateur en plein débat sur l’éducation sexuelle.

Un débat fait rage actuellement en Colombie autour d’un projet de révision des guides de vie scolaire des établissements. Cette révision a été ordonnée au ministère de l’Éducation par la Cour constitutionnelle après le suicide d’un jeune homme, en 2014 à Bogota, qui se disait discriminé à cause de son orientation sexuelle par la direction de son école, un établissement privé catholique.

Au début du mois, des milliers de personnes à travers le pays ont manifesté à l’appel de l’Église «en défense de la famille» et pour s’opposer à la version des guides réalisée avec une ONG et le soutien des Nations unies. Il y était question de gais, lesbiennes, bisexuels et personnes transgenre.

Une promotion de ces identités sexuelles, selon les détracteurs. Le gouvernement a fait marche arrière sur cette version.

À 12 ans, Jhon a raconté à sa mère qu’il préférait les hommes, et depuis l’âge de 16 ans a commencé à s’habiller en femme. C’est alors que sa mère a demandé à son institution de Bolivar, à deux heures de Cali, de permettre à son fils transgenre de porter l’uniforme des jeunes filles. «Depuis que je suis toute petite, j’ai senti que j’étais dans un corps différent, qui n’était pas le mien», raconte Gabriela, désormais âgée de 17 ans.

«À présent, je ne me sens pas en conformité avec mes parties intimes, j’aimerais en changer», confie celle qui veut faire des études de mode. Pour Oscar Henao, proviseur de l’établissement publique Manuel Dolores Mondragon, où étudie Gabriela, «elle a été très bien acceptée». «Les jeunes l’ont pris naturellement, pour moi, c’est un exemple pour les adultes», a-t-il déclaré.

Dans l’institution, explique le proviseur, Gabriela a d’abord été autorisée à porter en permanence la tenue d’éducation physique, considérée comme mixte, tandis que des ateliers de diversité sexuelle et de développement de la personnalité étaient dispensés aux professeurs et aux élèves pour leur expliquer la situation. Une fois les parents mis au courant, l’établissement a fixé une date pour que Gabriela puisse étrenner son nouvel uniforme.

Il y a trois semaines, elle a été reçue avec des applaudissements et un panneau de bienvenue. «Je les respecte comme ils me respectent», raconte-t-elle. Si Gabriela «n’a pas été harcelée», certains parents et professeurs ont fait part de leur désaccord, même s’ils respectent la décision de l’établissement, explique son proviseur.