Si j’avais été homosexuel, je le dirais et je le vivrais
« Pour être honnête », il ne « s’aime pas beaucoup », affirme Emmanuel Macron dans une interview à paraître mardi 28 février dans Têtu. Après une éclipse de 19 mois et l’arrivée de nouveaux dirigeants, le magazine gay revient en kiosques et propose un long entretien avec l’ex-ministre qui a fait polémique en évoquant « l’humiliation » subie par les opposants au mariage pour tous.
« J’aime les gens et j’aime ce que je fais. Si c’est cela qui séduit, tant mieux », explique l’ancien ministre, donné dans les sondages dans le trio de tête de l’élection présidentielle avec Marine Le Pen (FN) et François Fillon (LR).
« Pour être honnête, je ne m’aime pas beaucoup. C’est peut-être pour cette raison que je fais tout cela », ajoute Emmanuel Macron. « J’aime casser les murets qui peuvent se dresser entre deux personnes et qui empêchent la communication », dit-il aussi. « J’ai besoin de toucher, de passer du temps, de regarder en face », explique l’ex-ministre, interrogé par le magazine sur le fait que sa « personnalité séduise » ses interlocuteurs.
« Je ne cherche pas à séduire pour obtenir quelque chose, car séduire, ce n’est pas aimer les gens, c’est s’aimer soi-même », estime Emmanuel Macron.
Il revient aussi sur la rumeur, qu’il a démentie au cours d’une réunion publique, sur une supposée liaison avec Mathieu Gallet, président de Radio France : « Cette polémique était folle et deux choses sont odieuses derrière le sous-entendu: dire qu’il n’est pas possible qu’un homme vivant avec une femme plus âgée soit autre chose qu’homosexuel ou un gigolo caché, c’est misogyne », dénonce Emmanuel Macron. « Et c’est aussi de l’homophobie. Si j’avais été homosexuel, je le dirais et je le vivrais ».
Dans ce même entretien, Emmanuel Macron se dit par ailleurs favorable à la reconnaissance des enfants nés d’une gestation pour autrui (GPA) à l’étranger. « Je ne suis pas favorable à autoriser la GPA en France », explique le fondateur d’En Marche. Selon lui, « ce sujet soulève un débat philosophique sur la capacité à disposer de son corps et à le marchandiser ». « A mes yeux, c’est un débat impossible à trancher », admet l’ex-ministre.
« En revanche, il faut permettre la reconnaissance des enfants nés par GPA à l’étranger », préconise Emmanuel Macron. « On ne peut pas les laisser sans existence juridique ». « Ces enfants participent d’un projet d’amour. Il faut arrêter l’hypocrisie, et je porterai ce projet pour compléter la circulaire Taubira » qui permet à des enfants nés d’une GPA d’avoir la nationalité française, promet-il. Il se redit en outre favorable à la PMA (procréation médicalement assistée) pour les couples de femmes.
La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) avait une nouvelle fois condamné le 19 janvier la France pour avoir refusé de transcrire les actes de naissance d’enfants nés d’une GPA à l’étranger. Dès juin 2014, la CEDH avait estimé que la France pouvait interdire la GPA sur son territoire, mais qu’elle ne pouvait refuser de reconnaître les enfants nés d’une mère porteuse à l’étranger, au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant.
La GPA est prohibée en France, avec des peines pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende.
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