Freak Show, la rébellion d’un étudiant gay martyrisé

La réalisatrice Trudie Styler et l’acteur Alex Lawther, lors de la présentation du film « Freak Show » à Berlin

Mettre l’homophobie à l’écran pour promouvoir la tolérance: la réalisatrice et productrice Trudie Styler raconte dans son premier film de fiction le parcours d’un étudiant homosexuel américain, qui va s’élever contre les humiliations subies. Présenté la semaine dernière à la Berlinale, le festival de films Berlin, dans une section parallèle, « Freak show » a fait salle comble.

«J’ai eu moi-même une période difficile à l’école, je souffrais de troubles de l’attention et j’étais dyslexique (…) je ne faisais pas partie des filles populaires», a confié la réalisatrice britannique, connue à la ville comme l’épouse du chanteur Sting.

Celle qui avait déjà réalisé un documentaire en 2002 a choisi d’adapter un livre à succès (« Freak show » de James St James) qui fait écho à sa propre expérience.

Le film raconte l’histoire de Billy Bloom (joué par le jeune Britannique Alex Lawther), le fils d’un milliardaire et d’une mère extravagante, interprétée par Bette Midler (« The rose »). À la séparation de ses parents, Billy va s’installer chez son père dans un État très conservateur où le slogan des pom pom girls est « Make America Great Again », devise de la campagne électorale très controversée de Donald Trump…

Habillé à la manière d’un Boy George, l’icône gai des années 80, Billy fait l’objet de blagues hostiles dès son premier jour à l’école secondaire, mais refuse de se laisser dicter son style, même après avoir été battu par une bande de garçons, faisant partie de l’équipe de football.

En se penchant sur le sort d’un adolescent homosexuel victime de discriminations, le film se veut un plaidoyer pour la différence pour Trudie Styler, inquiète de la montée du racisme et de l’homophobie.

« Nous élevons nos enfants pour qu’ils soient plus tolérants, plus ouverts. C’est donc inquiétant quand nos dirigeants sont des brutes. Je pense à Marine Le Pen, (Donald) Trump, Vladimir Poutine… », a-t-elle estimé, au sujet de ces personnalités politiques accusées d’intolérance voire de racisme.

Pour la productrice, les jeunes ont dès lors besoin de modèles positifs, y compris issus de la culture populaire, pour les aider à s’intégrer, à se comprendre. « La musique transcende les choses. On se souvient tous ce qu’on faisait à un moment précis sur telle chanson. Ça évoque des souvenirs, réveille des sentiments », souligne l’épouse de l’ancien leader de The Police.

Pour mener à bien son projet, elle s’est entourée de sa fille Eliot Sumner, musicienne vivant à Berlin, dont on peut entendre deux titres dans le film. « Elle m’a aidé à choisir des chansons faisant partie de la culture LGBT », notamment Boy George et des artistes issus de la scène glam rock.

La distribution compte également quelques têtes connues, dont l’ancien joueur de tennis John Mc Enroe reconverti en professeur de sport pour l’occasion et Laverne Cox, dans le rôle d’une présentatrice télé.

Extrait de Freak Show