La France expulse une personne intersexe vers le Maroc

La France a expulsé mercredi dernier une personne intersexe, c’est-à-dire possédant des caractéristiques physiques et génitales tant masculines que féminines, vers le Maroc, où l’homosexualité est pénalement réprimée. La réponse du ministère de l’Intérieur est, pour le moins, révoltante.

Tarek, 40 ans, suit un traitement hormonal masculinisant mais porte la mention « sexe féminin » sur son état civil. Selon son avocate, il risque d’être « lynché » à son retour au Maroc.

« Cela tombe sous le sens que cette personne ne peut pas survivre longtemps au Maroc. Vu son apparence, il va se faire lyncher », s’est indignée son avocate Me Séverine Rudloff, regrettant que « la protection contre les traitements inhumains et dégradants » inclus dans la convention européenne des droits de l’homme n’ait pas été retenue au bénéfice de son client.

« La situation de cette personne a été examinée conformément à la réglementation en vigueur. Il a été mis en mesure de faire valoir l’intégralité de ses droits tant auprès des juridictions nationales, qu’européennes. Aucun élément en notre possession ou produit par ce dernier ou son conseil n’atteste qu’il serait exposé à un risque particulier en cas de retour au Maroc », a déclaré le ministère de l’Intérieur.

Lundi, le tribunal administratif de Strasbourg, saisi en référé liberté, avait refusé de suspendre l’arrêté d’expulsion du 14 juin prononcé à l’encontre de cette personne qui se fait appeler Tarek, estimant notamment qu’elle ne serait pas « personnellement exposée à des risques » du fait de son identité intersexuée, d’après l’ordonnance. « Le Maroc est un pays qui n’est vraiment pas accueillant pour une personne comme le requérant, a insisté Me Mila Petkova, avocate de plusieurs personnes intersexes. Il risque vraiment de mourir. Ce n’est pas une fiction. »

Au Maroc, l’homosexualité est considérée comme un délit passible de six mois à trois ans de prison. Les arrestations pour homosexualité y sont monnaie courante.