La télé serait-elle homophobe ?

L’Association des journalistes lesbiennes gay bi et trans (AJL) a relevé en novembre « plus de 50 séquences particulièrement discriminatoires ou problématiques » envers les minorités LGBT, les femmes et les musulmans, dans une étude portant sur cinq talk-shows.

L’AJL a affirmé avoir visionné pendant un mois « 100 heures de programmes » parmi les émissions Quotidien (TMC), On n’est pas couché (France 2), Salut les Terriens – Les Terriens du dimanche (C8), L’Heure des pros (CNews) et C politique (France 5). « Nous avons choisi ces programmes pour leur influence et leur popularité », a expliqué Clément Giuliano, co-président de l’AJL.

Lors de son enquête, l’association a identifié « 17 séquences clairement LGBTphobes (…) dont six visant des personnes trans », mais également 20 propos sexistes, neuf passages racistes et « huit cas de minimisation criante du harcèlement sexuel », dans une actualité marquée par l’affaire Weinstein. « Même si nous sommes une association LGBT, on ne pouvait pas ne pas parler des propos racistes ou sexistes car cela participe du même mécanisme », a justifié Alice Coffin, membre de l’AJL.

« On rit beaucoup des minorités, mais pas beaucoup avec elles ». Dans ces talk-shows, « on rit beaucoup des minorités mais pas vraiment avec elles, on véhicule des clichés éculés ou on minimise la parole des femmes », a résumé Clémence Allezard, co-présidente de l’association. Dans L’Heure des pros, l’AJL pointe « la faible représentation des femmes » et relève notamment une séquence où l’animateur Pascal Praud remercie ses invitées par un « Mesdames » après avoir salué nommément chaque homme présent sur son plateau.

L’étude cite également le chroniqueur d’On n’est pas couché, Yann Moix, interrogeant une femme trans : « Pourquoi la fréquentation des milieux homosexuels (…) si vous êtes une femme réellement à 100%? ». Cette question est « un sous-entendu » suggérant que « les personnes ‘normales’ n’auraient pas de raison de fréquenter des personnes ‘déviantes' », estime l’AJL.

Autre cas de transphobie relevé par l’enquête, l’animateur Thierry Ardisson dans Salut les Terriens demandant à l’animatrice brésilienne Cristina Cordula s’il doit l’appeler « monsieur ou madame », car selon lui c’est « la question que l’on se pose tous au sujet des Brésiliennes ».

« Un climat bienveillant » règne chez C Politique, note l’AJL, tandis que Quotidien ne constitue « pas un terrain hostile », selon Clémence Allezard, qui reproche cependant à l’émission animée par Yann Barthès de « rire des propos sexistes, homophobes et racistes sans jamais les nommer » ce qui « entretient une ambiguïté ».

L’AJL a annoncé qu’elle allait solliciter les responsables des chaînes et des émissions et le Conseil supérieur de l’audiovisuel pour « entamer une réflexion » sur le sujet.