Première greffe de foie entre deux séropositifs en Suisse

antenne-chirurgicale

«Sans cette greffe, je ne serai peut-être plus là aujourd’hui. Je n’ai pas de mots pour remercier les équipes. Ma famille sourit à nouveau à la vie.»  C’est par ces quelques phrases émouvantes que Monsieur F. (nom tenu secret pour préserver son anonymat) a témoigné lundi matin au sujet de la première mondiale réalisée en octobre 2015 par une équipe des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) : la greffe d’un foie entre deux porteurs du virus du Sida, le VIH.

C’est à l’issue de six mois d’observation de leur patient pour s’assurer qu’il n’y avait pas de rejet d’organe ni de perte de contrôle virologique que des chirurgiens suisses ont annoncé la nouvelle. Le donneur, un homme de 75 ans, décédé d’une hémorragie cérébrale, était séropositif depuis 1989 et avait autorisé le don d’organes. Le receveur a été diagnostiqué séropositif en 1987 et avait été informé avant l’opération des risques potentiels supplémentaires, risques qu’il avait acceptés. Dans une interview, le receveur, qui souffrait d’une maladie du foie très grave, indique qu’il était sur liste d’attente pour une greffe depuis deux ans et demi.

Les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) estiment que «cette première transplantation pratiquée en Suisse, qui vient d’être suivie d’une greffe analogue aux États-Unis (le 15 mars dernier, ndlr.), ouvre des perspectives tout à fait inédites chez les personnes vivant avec le VIH». D’abord, les porteurs du VIH peuvent se déclarer comme donneurs potentiels d’organes, ensuite, ceux qui sont en attente d’une greffe d’organe ont de meilleures perspectives de transplantation.

La loi suisse sur les donneurs d’organe autorise depuis 2007 la transplantation d’organes entre donneurs et receveurs séropositifs, mais il aura fallu attendre huit ans pour qu’une première greffe ait lieu. «Il y a deux raisons à cela, explique Nicolas de Saussure, porte-parole des HUG. D’une part, la méconnaissance par les médecins et les patients séropositifs de cette disposition de la loi, et d’autre part, le problème de la compatibilité nécessaire entre un donneur et un receveur.»

La greffe a été menée par une équipe composée par la professeure agrégée Alexandra Calmy, responsable de l’unité VIH, du professeur Thierry Berney, médecin chef du service de transplantation, du professeur agrégé Christian van Delden, responsable de l’unité d’infectiologie de transplantation, et du professeur Emiliano Giostra, spécialiste des maladies du foie. «Je ne peux qu’encourager les législateurs des autres pays à suivre l’exemple de la Suisse», a souligné Thierry Berney.