Sida : les résultats positifs d’Ipergay
Le Congrès annuel sur les rétrovirus et les infections opportunistes à Seattle a révélé hier les résultats de l’essai français Ipergay. Ce dernier permettrait une réduction importante du risque de contamination pour les séronégatifs qui prennent des antiviraux avant et après un rapport sexuel à risque.
Ipergay est le nom de l’essai mené depuis février 2012 sous la houlette de l’Agence nationale de recherche sur le sida (Anrs) avec l’association Aides comme co-investigateur. Il s’agit pour des homosexuels séronégatifs de tenter de se protéger d’un risque de contamination en prenant, «à la demande» deux comprimés de Truvada (association de deux antirétroviraux) dans les heures précédant un rapport sexuel, puis un comprimé par jour jusqu’à 24 heures après le dernier rapport sexuel.
L’étude menée en France et au Canada auprès d’homosexuels masculin à risque élevé d’infection est originale en raison de cette prise «à la demande» alors que dans les autres essais prophylactiques, il s’agissait d’une prise continue, plus difficile à suivre régulièrement. Ainsi l’étude internationale iPrEx avait-elle montré sur plus d’un an une réduction globale de 44 % de l’infection par le VIH dans un groupe d’homosexuels prenant quotidiennement un comprimé de Truvada, par rapport au groupe placebo. Mais la réduction atteignait 92 % parmi ceux qui prenaient correctement leur traitement.
Le traitement prophylactique par Truvada (en utilisation continue) a été approuvé par les autorités de santé américaines dès 2012 et l’année dernière deux essais, Ipergay en France et PROUD en Grande-Bretagne, ont mis fin au bras placebo pour permettre à tous les volontaires de bénéficier du Truvada, considérant qu’il n’était pas éthique de les en priver, même si les volontaires sous placebo recevaient les mêmes conseils que les autres: protection par préservatif, dépistage et traitement des IST, etc.
La crainte est bien sûr que certains homosexuels, se croyant suffisamment protégés par la prise de Truvada, ne soient conduits à oublier ces conseils élémentaires. Une crainte qui explique que l’agence du médicament en France (Ansm) n’ait toujours pas délivré d’autorisation du Truvada en prophylaxie (RTU, Recommandation Temporaire d’Utilisation). Mais une crainte qui ne devrait pas résister à la publication des résultats définitifs d’Ipergay. D’autant que le besoin de nouvelles armes est patent: il y a plus de 6000 nouvelles contaminations par an en France et quatre nouvelles contaminations sur dix concernent des homosexuels masculins.
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