Sida : le gouvernement appelé à autoriser sur-le-champ le traitement préventif

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Des chercheurs, dont la Nobel de médecine Françoise Barré-Sinoussi, des médecins, des associations de lutte contre le Sida et des politiciens exhortent le gouvernement à rendre disponible sur-le-champ le traitement préventif contre le VIH. « La PrEP (prise de médicament anti-VIH par des séronégatifs dans un but préventif) est un impératif éthique et politique. Une nécessité tant en termes de santé que de droits humains », estiment-ils dans une lettre ouverte* à la ministre de la Santé, Marisol Touraine. « Il est urgent d’agir et de mettre la PrEP à disposition, prise en charge par l’assurance maladie et à un prix abordable pour les individus et pour la collectivité », ajoutent-ils.

Des études ont démontré que le Truvada, combinaison d’antirétroviraux du laboratoire américain Gilead, actuellement commercialisé pour le traitement des malades du Sida, était également efficace comme traitement préventif contre le VIH pour les personnes non-infectées mais à « haut risque ». Ce médicament, mis sur le marché en 2005, est en attente en France d’une Recommandation temporaire d’utilisation (RTU) en vue de cette utilisation à titre préventif.

Les signataires de la Lettre ouverte redoutent que cette RTU ne tarde à être annoncée, à la fois en raison du prix élevé du médicament et dans la perspective de l’arrivée à l’horizon 2018 de son générique. En traitement de la maladie, la boîte de Truvada est vendue 500 euros la boîte de 30 comprimés, soit plus de 16 euros l’unité. « Même quelques semaines comptent pour éviter les infections. Nous avons les moyens de les prévenir… Utilisons-les dès maintenant ! », soulignent les signataires de la lettre. « Il y a 600 contaminations par mois en France », a martelé à l’AFP Michel Bourrelly, directeur général du Crips (Centre régional d’information et de prévention du Sida) Ile-de-France. « Ne pas mettre à disposition ce médicament ne changera pas les comportements à risque. En revanche, si on multiplie les outils existants, on diminuera les risques encourus », a-t-il insisté.

Il a souligné qu’à San Francisco, une diminution de 30 % des contaminations avait été constatée en 36 mois depuis l’introduction de la PrEP. Mardi 17 novembre 2015, le service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint-Louis à Paris a commencé les premières consultations en France proposant ce traitement préventif, anticipant ainsi un éventuel feu vert des autorités.