Le générique du Truvada reste bien commercialisé

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Le laboratoire Gilead, fabricant du traitement anti-VIH Truvada et utilisé aujourd’hui en prévention en PrEP, est condamné à verser 100 000 euros au laboratoire Mylan, à qui il contestait le droit de produire un générique. Une initiative honteuse de la part de Gilead lorsqu’on sait que la boite de Truvada est vendue environ 400 euros contre à peine 200 euros pour le générique.

Mi-juillet, quatre laboratoires (Mylan, Biogaran, EG Pharma et Zentifa) a annoncé avoir obtenu l’autorisation de commercialiser un générique du Truvada des laboratoires Gilead (traitement des adultes infectés par le VIH-1 en association avec d’autres antirétroviraux, également indiqué en prévention pré-exposition).

Le Truvada coûte 406,87 euros le flacon de 30 comprimés. L’arrivée de médicaments génériques permet d’envisager une meilleure diffusion du traitement en France. Le générique produit par Mylan, Biogaran, EG Pharma et Zentifa, coûte plus de deux fois moins cher : 179,90 euros.

Mais le laboratoire Gilead a expliqué avoir négocié un CCP (Certificat Complémentaire de Protection), l’autorisant à prolonger sa situation de monopole. Sur cette base, il a attaqué Mylan devant la justice. Cette décision de Gilead avait été rapidement critiquée par de nombreuses associations. Le 5 septembre, le dossier passait devant le Tribunal de Grande Instance de Paris. Selon un communiqué de l’association AIDES, « les juges ont estimé que l’allongement de la période de monopole sur le Truvada© dont le laboratoire se prévalait était « vraisemblablement nul ». » AIDES souligne que Gilead a été condamné à verser 100.000 euros au fabricant de génériques « pour frais de justice ». Ces deux informations nous ont été confirmées par le laboratoire Mylan.

Gilead n’a souhaité apporter aucun commentaire à cette information.

Le Truvada est un traitement antirétroviral destiné à réduire les risques d’infections lors d’une exposition virale. Il associe deux molécules : ténofovir et emtricitabine. « Ce médicament, une fois absorbé, va se diffuser en quelques heures dans la salive, dans le sang, les tissus de l’anus », avait précisé le Pr Molina au Magazine de la Santé en 2014. « Lorsque le virus va essayer de pénétrer dans l’organisme au niveau de ses muqueuses, il va se heurter à la barrière médicamenteuse, ne pourra plus infecter la personne ». Le Truvada bloque ainsi la réplication du virus dans l’organisme. Il peut être pris jusqu’à 48 heures après un rapport à risque et 24 heures avant. En prévention pré-exposition, le traitement est proposé depuis 2015 en France aux personnes à « haut risque » de contamination par le VIH. L’ANSM avertit que ce traitement n’est « pas efficace à 100% dans la prévention de l’acquisition du VIH ».