Sida : des malades arrivent à contrôler l’infection

C’est très rare mais deux hommes porteurs du sida contrôlent spontanément l’infection. Selon la revue Clinical Microbiology and Infection, une équipe française a élucidé le mécanisme. Finalement,des séquences génétiques du VIH se sont insérées dans l’ADN des deux patients. « Cependant, elles ne sont pas exprimées, probablement du fait de la stimulation d’un groupe d’enzymes habituellement inactivées par le virus ».

«  Cette découverte va encourager les recherches pour empêcher le VIH de proliférer dans l’organisme » estiment les chercheurs.

Les rétrovirus, famille à laquelle appartient le VIH, ont la capacité de s’intégrer dans le génome des hôtes qu’ils infectent. Très ancien, le phénomène est connu chez les animaux et chez l’homme. Le génome humain contient ainsi les restes de virus qui n’ont plus d’action pathologique. Ces séquences du génome viral sont devenues endogènes. Environ 8 % du génome des humains actuels serait d’origine rétrovirale et correspondait à quelque 100 000 rétrovirus endogènes.

L’équipe de Didier Raoult et Yves Lévy (Vaccine Research Institute, Inserm, hôpital Henri-Mondor, Créteil) suit une une série de 1 700 patients infectés par le VIH, dont dix sont ce que l’on appelle des « contrôleurs d’élite ». Chez eux, en l’absence de traitement antirétroviral, le virus ne se multiplie pas. Parmi ces dix patients peu ordinaires, il en est deux chez lesquels les analyses des cellules du sang n’ont détecté aucune trace d’ADN du VIH.

L’équipe française parle chez certains patients d’une « guérison fonctionnelle », définie comme le contrôle spontané de l’infection sans progression de la maladie. « Nous pensons que la persistance d’ADN provenant du VIH peut conduire à une guérison et à une protection à l’égard du VIH », soulignent les auteurs, qui rappellent que cet ADN d’origine virale sera transmis à la descendance. Pour les chercheurs s’ouvre une piste de recherche : imiter ce qui se passe spontanément chez certains individus pour guérir ou pour prévenir l’infection par le VIH.

Source : Clinical Microbiology and Infection/Le Monde